COP16 : une mobilisation internationale cruciale pour la biodiversité à Cali, Colombie

Parqueadero Zoológico De Cali, Valle del Cauca, Colombia

La Convention des Nations unies sur la diversité biologique, communément appelée COP16, se tient pour la première fois en Colombie, marquant ainsi une étape significative dans la lutte globale contre l’érosion de la biodiversité.

Cette année, c’est la ville de Cali qui accueille cet événement d’envergure mondiale du 21 octobre au 1er novembre 2024.

Les enjeux sont énormes, tout comme les défis environnementaux et politiques auxquels le pays organisateur doit faire face.

Un cadre stratégique mondial

La COP16 constitue la première édition depuis l’adoption du Cadre mondial pour la biodiversité.

Ce document ambitieux vise à protéger, restaurer et utiliser de manière durable la biodiversité sur Terre.

En théorie, chaque État doit présenter ses plans d’action nationaux lors de cette convention. Cependant, cette mise en œuvre n’est pas sans difficultés et hésitations.

Aujourd’hui, seulement 31 pays ont soumis leur stratégie nationale de protection de la biodiversité.

En revanche, plus de 100 nations ont fourni leurs objectifs, servant de base temporaire avant l’élaboration de stratégies plus complètes.

C’est particulièrement important lorsque la vision des engagements mondiaux est souvent critiquée pour son manque de clarté pratique, une opinion partagée notamment par Swann Bommier de l’association Bloom.

Un rôle clé pour la Colombie

En tant que pays hôte, la Colombie espère démontrer sa capacité à organiser un événement international de cette envergure, malgré un contexte sécuritaire fragile.

Le président Gustavo Petro a fait de la politique environnementale une priorité, et ce sommet représente une opportunité unique pour la Colombie de montrer son leadership en matière de biodiversité.

La ministre colombienne de l’Environnement, Susana Muhamad, a souligné que cet événement ne devait pas être une simple plateforme de négociation mais bien un tremplin vers l’action concrète.

Avec sa richesse naturelle impressionnante – y compris la plus grande variété d’espèces d’oiseaux, d’orchidées et de papillons au monde – la Colombie veut s’affirmer en tête du peloton des pays mégadivers tenus de préserver ces trésors écologiques.

Les objectifs financiers

Lors de la COP15, il avait été établi qu’il faudrait investir massivement pour lutter contre l’érosion de la biodiversité, avec des engagements allant jusqu’à 200 milliards de dollars annuels combinant finances publiques et privées.

Les nations développées, quant à elles, avaient promis entre 20 et 30 milliards de dollars par an d’ici 2030 pour soutenir les pays en développement.

Néanmoins, ces ambitions sont loin d’avoir été pleinement concrétisées. À ce jour, seules une partie de ces sommes ont été transférées, mettant en lumière les lacunes persistantes dans les financements nécessaires à la réalisation des objectifs globaux fixés pour 2030.

Une gestion controversée des fonds

Le Fonds pour l’environnement mondial (FEM) joue un rôle central dans l’administration des fonds alloués à la biodiversité, mais cela suscite certaines critiques.

L’ONG Survival International a pointé du doigt l’absence de consultation des peuples autochtones concernant les projets financés, soulevant des questions éthiques cruciales.

Par ailleurs, plusieurs pays africains appellent à la création d’un nouveau fonds dédié exclusivement à la biodiversité, similaire au Fonds vert pour le climat.

Une participation internationale sans précédent

Pour la première fois, des chefs d’État de plusieurs nations, principalement issues de l’Amérique latine et de l’Afrique, participent activement à cette convention.

Cela reflète l’urgence et l’importance que revêt la question de la biodiversité pour les pays en développement, souvent en première ligne face aux conséquences du déclin de la biodiversité.

Ce niveau élevé de représentation pourrait changer la dynamique des discussions, permettant de nouveaux accords plus audacieux et concrets en faveur de la conservation des écosystèmes et des espèces sur notre planète.

Les absents notables

Malgré l’engagement de nombreux pays, certains grands acteurs comme les États-Unis brillent par leur absence puisqu’ils n’ont jamais ratifié la Convention sur la diversité biologique.

L’Union européenne et plusieurs autres États ont toutefois présenté leurs feuilles de route pour renforcer les initiatives mondiales en matière de sauvegarde de la nature.

Priorités et attentes pour l’avenir

Un des objectifs phares de cette conférence est la mise en œuvre de l’objectif « 30×30 », qui appelle à la protection de 30 % des espaces terrestres et maritimes d’ici 2030.

Cependant, définir les modalités pratiques de cet engagement demeure un défi majeur, surtout lorsqu’il s’agit de zones internationales échappant à la juridiction de tout État.

Avec les banques de génomes émergentes privant certains pays de partager les revenus issus de leurs ressources naturelles, cette question devient cruciale pour établir une équité économique.

Les entreprises devront payer pour accéder à ces ressources, assurant ainsi une juste rémunération des pays d’origine.

Le chemin est encore long

Alors que les discussions techniques continuent, il apparaît de plus en plus nécessaire d’avoir des mécanismes de redevabilité robustes pour garantir le respect des engagements pris.

Contrairement aux anciens objectifs d’Aichi, le cadre Kunming-Montréal impose désormais une obligation de reddition de comptes, ce qui peut être déterminant pour la réussite future de cette entreprise multilatérale.

Avec près de 18 000 participants attendus, la COP16 représente non seulement un rassemblement record mais aussi une opportunité de transition vers des actions plus concrètes et ambitieuses.

Tandis que la Colombie met tout en œuvre pour faire de cet événement un succès historique, les regards du monde entier restent fixés sur Cali, dans l’espoir de voir naître des solutions tangibles et durables pour sauver la biodiversité planétaire.


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