La « fin » des PFAS : une avancée pour la santé publique et l’environnement

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Le 20 février 2025 marquera une date clé dans l’histoire de la législation environnementale française.

En effet, les députés ont adopté une proposition de loi visant à interdire la production et la commercialisation des substances per- et polyfluoroalkylées (PFAS), souvent surnommées « polluants éternels » .

Mais qu’est-ce qui se cache vraiment derrière cette interdiction et pourquoi est-elle si cruciale pour notre quotidien ? Découvrons ensemble les enjeux et les étapes qui ont conduit à cette victoire inespérée.

Qu’est-ce que les PFAS ?

Les PFAS regroupent un large éventail de composés chimiques utilisés depuis plus de 70 ans dans diverses applications industrielles et commerciales.

Ces substances se retrouvent dans des produits aussi variés que les cosmétiques, les vêtements imperméables, les ustensiles de cuisine antiadhésifs, et même les farts de ski. Leur atout principal ? Une résistance exceptionnelle aux températures extrêmes et aux dégradations chimiques.

Cependant, cette caractéristique les rend également terriblement persistants dans l’environnement. Les PFAS ne se décomposent pas facilement et s’accumulent dans la terre, l’eau et l’air. Cela entraîne des risques sanitaires significatifs, notamment des problèmes de fertilité, des maladies thyroïdiennes, une hausse du taux de cholestérol et même des complications pendant la grossesse.

Des années sous les radars

Il y a encore quelques années, le terme PFAS était peu connu en France.

Le sujet est resté largement ignoré jusqu’à ce que des scientifiques commencent à attirer l’attention des élus sur les dangers posés par ces substances. Un député écologiste de Gironde, Nicolas Thierry, a été parmi les premiers à saisir l’ampleur de la menace après avoir été alerté au début de son mandat en juin 2022.

Avec l’aide de son équipe parlementaire et des experts, Nicolas Thierry a élaboré une première proposition de loi. Cependant, il savait que le chemin vers l’adoption serait semé d’embûches, surtout face aux puissants lobbies industriels déterminés à maintenir le statu quo.

Mobilisation citoyenne et médiatique

Pour sensibiliser autant les citoyens que les décideurs politiques, Nicolas Thierry et son équipe ont organisé plusieurs initiatives chocs.

Parmi celles-ci, on trouve un tour de France durant lequel ils ont testé les niveaux de contamination des PFAS chez divers habitants. Ce périple a révélé l’ampleur de la pollution, mettant en lumière des résultats choquants illustrant le niveau d’intoxication dans différentes régions de France.

D’autres personnalités publiques comme Nagui et Camille Étienne ont également participé à des tests capillaires pour démontrer l’universalité de la contamination, contribuant à accroître la notoriété médiatique de la campagne. Les réseaux sociaux se sont avérés être un outil puissant, permettant de toucher une audience plus jeune et diverse.

Un tournant politique décisif

Après des mois de pression médiatique et de lobbying intensif, le projet de loi a finalement pris forme et a été mis au vote à l’Assemblée nationale.

Bien que certains groupes parlementaires, notamment du Rassemblement national, aient manifesté leur opposition ou tenté de proposer des amendements limitatifs, la proposition a réussi à passer grâce à un soutien transpartisan inattendu.

Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition écologique, a déclaré que cette initiative répondait aux attentes des Françaises et des Français en améliorant leur quotidien de manière tangible.

Malgré les craintes liées à la potentielle perte d’emplois dans certaines industries, la majorité des députés a reconnu la nécessité d’agir face à cette crise sanitaire et environnementale.

Impact de la nouvelle loi sur les industries et l’environnement

À partir du 1er janvier 2026, la fabrication, l’importation, l’exportation et la vente de nombreux articles contenant des PFAS seront strictement interdites. Cette liste comprend entre autres les cosmétiques, les chaussures, les vêtements et les produits imperméabilisants.

Toutefois, les ustensiles de cuisine, initialement inclus dans le projet, ont été exemptés, suite à une intervention de l’enseigne Tefal.

En plus d’interdire les produits courants contenant des PFAS, la loi impose leur inclusion obligatoire dans les contrôles sanitaires de l’eau potable.

D’autres mesures telles que la cartographie annuelle des sites pouvant émettre ces substances et la mise en œuvre d’un plan interministériel de dépollution complètent cet arsenal législatif. Ces actions visent à assurer une surveillance continue et une meilleure gestion des risques liés à ces polluants omniprésents.

Mesures économiques et responsabilité industrielle

L’instauration d’une taxe pollueur-payeur constitue une autre innovation majeure de cette loi. Cette redevance vise à contraindre les industriels utilisant ou produisant massivement des PFAS à financer partiellement la dépollution de l’eau.

Estimée à dix millions d’euros annuels par Nicolas Thierry, cette taxe alimentera les caisses des Agences de l’eau, soutenant ainsi les communes dans leurs efforts de modernisation et de traitement des eaux usées.

Cette approche incitative espère réorienter les pratiques industrielles vers des alternatives moins nocives. Elle rappelle également que la responsabilité environnementale doit être partagée par tous, et surtout par ceux dont les activités entraînent une contamination significative.

Les défis restants et perspectives futures

Malgré cette avancée législative historique, de nombreux défis subsistent.

Tout d’abord, l’application rigoureuse de cette loi nécessitera une vigilance constante de la part des autorités et des organismes de contrôle. Une coopération renforcée entre les scientifiques, les ONG et les institutions sera essentielle pour continuer à surveiller les impacts des PFAS et détecter rapidement toute nouvelle source de contamination.

Le succès de cette initiative pourrait également inspirer d’autres pays à adopter des mesures similaires, créant une dynamique positive à l’échelle mondiale pour réduire les risques associés aux polluants éternels.

Pour les industries, cela signifie accélérer la recherche et développement de matériaux alternatifs afin de rester compétitifs tout en respectant les nouvelles réglementations.

Alors que nous entrons dans une nouvelle ère de la gestion des substances toxiques, cette législation symbolise un premier pas important vers la protection de notre environnement et de notre santé contre les effets néfastes des PFAS.

La prise de conscience collective et les actions coordonnées continueront d’être cruciales pour garantir un avenir plus sain et durable.


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